chroniques trouvée sur X Silence des 4 premiers albums :
... And You Will Know Us By The Trail Of Dead
Lorsque sort ce premier album studio du ...Trail Of Dead en 1998, les texans se sont déjà fait une solide réputation live : chant sans ménagement (c'est du rock, merde !), expérimentations douces ou pimentées, et détournements des plans pré-établis de leurs morceaux ... échanges du micro et d'instruments à volonté (jamais un instrument n'est attribué à leurs noms dans les crédits de leurs albums), et fracassage de matériel en bonne et due forme.
Ces 8 titres éponymes sont à ce jour le meilleur témoignage du son immédiat et sans compromis du groupe, sorte de Sonic Youth bourru et épileptique, alternant entre nervosité ("Fake Fake Eyes") et plénitude (la fin paradisiaque de "Gargoyle Waiting").
L'ouverture du disque avec "Richter Scale Madness" le résume parfaitement : du bruit... du bruit... Une guitare fuzz apparaît, soutenue peu après par d'autres. Une voix lointaine annonce les autres instruments ; les couplets rageurs s'engagent dans une atmosphère plus nerveuse, pour atterrir dans un interlude apaisant de quelques secondes.
Le groupe tricote alors ce petit passage inoffensif, fait monter la pression pour éclater dans un déluge de bruits, où il n'est plus question de jouer mais de frapper son instrument ... et on recommence.
Le groupe sait aussi se faire précieux sans tomber dans la guimauve ("Novena Without Faith" très Placebo 1ère heure; "When We Begin To Steal"), faussement sage (la perle "Half Of What"), ou s'amuse avec notre palpitant sur les deux bombes "Prince With A Thousand Enemies", et surtout "Ounce Of Prevention", B.O. toute trouvée d'un cauchemar sans fin.
Avec un certain goût pour le larsen, l'anarchie instrumentale, le chaos, et une grande créativité, le ...Trail Of Dead a plutôt bien choisit son nom : cet album m'a tué.
Madonna
Deuxième album du groupe, Madonna permet à Trail Of Dead de se faire connaître auprès d'un public plus large.
S'ouvrant par une boucle annonçant le nom du groupe, Madonna est en réalité bourré de guitares électriques. Pratiquant un rock tout autant noise que mélodique, les Trail Of Dead maîtrisent parfaitement les changements d'ambiance et les accélérations soniques au milieu des morceaux. Le plus parfait exemple est sans doute l'excellent "Totally Natural", qui alterne les passages calmes et mélodiques avec des instants totalement noise et déchainés rappelant certaines des plus belles heures de Sonic Youth (toutes proportions gardées), ou le sur-vitaminé "A Perfect Teenhood" et son jouissif "Fuck You!" répété à qui veut bien l'entendre.
Ici, il n'est pas un morceau raté. Sans révolutionner le genre, ... And You Will Know Us By The Trail Of Dead apporte ceci dit une belle pierre à l'édifice. Madonna est un album complet qui trouve son intérêt dans la qualité des constructions des titres, tel ce "Mark David Chapman" qui commence de manière presque pop et qui se meut dans un rock noise puissant et dévastateur. On peut peut-être reprocher cette systématique dans les titres joués ici, mais les morceaux présentés sont si efficaces et percutants que l'on peut les excuser, non ? Pas révolutionnaire donc, mais sacrément agréable à écouter !
Source Tags and code
Trois après le plus qu'honorable "Madonna", ... And You Will Know Us By The Trail Of Dead nous reviennent avec leur troisième opus "Source, Tags & Codes". Il apparaît alors bien vite que le combo texan n'a rien perdu de ses qualités et de ses aptitudes à alterner les passages les plus mélodiques avec les instants de fureur les plus violents. "It Was There That I Saw You" ou "Homage" en sont les plus parfaits exemples.
Si trois ans se sont écoulés depuis la sortie du précédent album, force est de constater que ce "break" leur a été bénéfique: on retrouve ici un groupe dynamique et carré, qui trouve petit à petit son style, malgré quelques incursions dont ils auraient pu allègrement se passer, tel ce "Baudelaire" qui tend à lorgner du côté de la pop; et ici le résultat n'est malheureusement, pas très probant. On lui préférera l'imparable "Another Morning Stoner" basé sur une rythmique implacable et précise.
L'une des surprises de "Source, Tags & Codes" repose sur la capacité des Texans de composer des morceaux noise, baignant dans un univers intimiste et profond. Ainsi, "How Near How Far", le sublime "Monsoon" ou encore l'éponyme "Source, Tags & Codes" se singularisent particulièrement quant au reste de l'album et nous présentent alors un groupe capable de s'ouvrir à différents styles, sans pour autant perdre en crédibilité. Cette fois-ci le résultat en est donc plus que probant.
En 2002, ... And You Will Know Us By The Trail Of Dead sortait leur troisième album: "Source, Tags & Codes", et depuis certains les connaissent par la trainée de morts qu'ils laissent derrière eux... Est-ce vraiment étonnant ?
Worlds Appart
Printemps 2000, un album sobrement intitulé "Madonna" vient chambouler mon année musicale, un petit groupe texan au nom à rallonge en est l'auteur. 5 ans plus tard, le petit groupe a grandit et sort là son 4ème album, Worlds Apart (je ne ferai pas de blagues par rapport au boys band anglais qui enchanta la fille de l'esthéticienne de mon ancien bled).
Avec ce nouvel album, ... And You Will Know Us By The Trail Of Dead nous fait redécouvrir sa musique, utilisant toujours les mêmes recettes pop rock noisy, mais avec cette fois des arrangements à profusion, sans jamais tomber dans d'horribles côtés pompeux (on n'est pas chez les Polyphonic Spreelà). La batterie est omniprésente ("Will You Smile Again"), avec parfois un coté Pink Floyd très prononcé ("Classic Art Showcase"), les tempos sont variés, du très lent et beau "Let It Dive" au massif "Caterwaul". Parfois même, la musique et le chant me font penser à Tripping Daisy, le groupe texan auteur du tube "I Got A Girl" en 1995 (et dont le chanteur est actuellement le leader de The Polyphonic Spree, on y revient). Le groupe a su prendre des risques en se remettant en question, même si il y aura beaucoup de détracteurs qui trouveront cet album limite guimauve, il ne laissera pas indifférent.
Worlds Apart est le genre d'album qui prend de l'ampleur à chaque écoute, où chaque note sonne différemment en fonction de l'humeur du jour et qui vieillira parfaitement, on en reparle dans 10 ans.
(merde mais qui peut bien etre l'auteur de cette dernière chronique ...)