par thefrenchconnection » Dim Fév 19, 2006 8:36 pm
Interview de Lacombe
Foot - L1 - PSG : Lacombe : « Comme des gosses »
L'entraîneur du Paris-Saint-Germain a encore constaté, samedi face au Mans (0-1), un manque d'implication collective qui réduit les chances de voir le club de la capitale en Ligue des champions l'an prochain. Le constat de Guy Lacombe ne souffre d'aucune complaisance à l'égard de ses joueurs. «Ils sont un peu comme des gosses : il faut attendre de se brûler pour comprendre le danger. Là, ils se sont bien brûlés.» Il loue leurs qualités techniques individuelles mais assure que seul le mental fera la différence.
«Guy Lacombe, vous avez parlé de manque de réussite samedi après votre défaite contre Le Mans (0-1)...
On n'a pas de chance, mais sûrement qu'on ne mérite pas cette chance-là. On n'a pas pris l'adversaire aussi au sérieux qu'on aurait dû le faire. Il n'y a pas eu suffisamment d'implication pour un match entre deux prétendants à l'Europe. Il faut donner plus dès le départ. Je ne dis pas qu'on était désinvoltes, mais c'était le genre de match qui devait nous sublimer au regard de l'enjeu. J'en avais parlé pendant ma causerie, c'est pour ça que tout cela m'ennuie. Le Mans n'avait pas peut-être pas la brillance que les joueurs espéraient, je ne sais pas. En face, ils se sont lâchés, comme prévu. Je suis aussi déçu par rapport au match à Lille (0-0), qui était porteur d'espoir, où on avait réalisé de bonnes choses collectivement. Là, on n'a pas joué en bloc. C'était le scénario catastrophe parce qu'ils marquent tout de suite. J'ai revu l'action qui amène le penalty. La main n'est pas volontaire.
Vous parlez de manque d'implication. Pensez-vous que vos joueurs ont parfois manqué d'envie lors de ce match ?
On ne peut pas parler de manque d'envie : certains joueurs ne se donnent pas suffisamment, ça c'est sûr, mais la motivation était là. C'est un problème d'implication collective. Je suis déçu qu'il n'y ait pas eu de prise de conscience de la part des joueurs plus tôt. Ils sont un peu comme des gosses : il faut attendre de se brûler pour comprendre le danger. Là, ils se sont bien brûlés.
Pourquoi les joueurs ont-ils ce comportement individualiste et comment y remédier ?
Ça ne date pas d'aujourd'hui. Le football est un jeu d'équipe qui se joue à onze. Il faut d'abord jouer en équipe et pour l'équipe. C'est la base de tout. On n'est pas au tennis ni au golf, hein. Il faut que les joueurs aient envie d'évoluer ensemble, de gagner ensemble, d'avoir une aventure ensemble. Après seulement la qualité des joueurs fera la différence. Ici, les joueurs qui jouent en équipe, il faut les chercher, franchement. Un joueur-phare, ce n'est pas fait pour illuminer mais pour éclairer l'équipe. Je veux des gens concernés. J'ai déjà pris quelques décisions, je vais en prendre d'autres. Je vais aligner des joueurs qui ont envie de jouer ensemble, de jouer en équipe. Il faut ça même à Paris. Et je dois même le dire, encore plus à Paris, en raison de l'environnement et du contexte. Mais je ne lâcherai pas, je leur ai dit. On va trouver. Les joueurs ont la qualité technique et physique, forcément, puisqu'ils sont à Paris. Mais on sait pertinemment que c'est la qualité mentale qui fera la différence à la fin. J'ai vu des joueurs très limités techniquement devenir de grands joueurs, tout simplement car c'étaient des gagneurs. La qualité mentale sublime les autres.
Cette défaite recèle-t-elle un mal plus profond?
C'est une rechute. Petite ou grosse rechute? Je ne sais pas encore.
Depuis votre arrivée, le Paris-SG n'a pris que 9 points sur 24 possibles, les supporters ont scandé le nom de Laurent Fournier à la fin du match... Vous attendiez vous à une tâche aussi difficile?
Je savais que ce serait compliqué en arrivant à Paris car le contexte est particulier mais je pensais que ça marcherait plus vite. J'avais plus d'espoir, comme Laurent Fournier certainement. Si on a une prise de conscience à travers ce qui vient de se passer hier, je pense qu'on peut rebondir. J'espère de tout mon coeur que c'est un mal pour un bien.
Jérôme Rothen et Vikash Dhorasoo, que vous avez sorti samedi, sont-ils rentrés chez eux avant la fin du match?
J'ai parlé de ça devant tout le monde, ils étaient là, mais tout restera entre nous, c'est de la cuisine interne. Ils ne sont pas venus me voir. Si quelqu'un choisit de vous parler de ce sujet, ce sera sa responsabilité.
Dhorasoo, que vous avez sorti à la mi-temps, fait-il partie de ces joueurs qui n'ont pas envie de jouer en équipe ?
Ne me faîtes pas dire ça. Si je l'ai sorti pour mettre Kalou, c'est parce que nous étions menés 1-0 et qu'il fallait faire un choix avec un joueur qui est plus attaquant dans l'âme. Arrêtez avec cette histoire de Kalou - Dhorasoo. Ce n'est pas un problème de l'un ou l'autre, c'est un problème d'équipe. Le foot, il faut le rendre simple, c'est le même problème pour tous les entraîneurs. Il y a ici suffisamment de bons joueurs pour que chacun y trouve son compte.
Rothen et Dhorasoo traversent une période difficile, comme s'ils craignaient de s'éloigner de l'équipe de France...
Ce sont avant tout des joueurs du Paris-SG. J'en reviens à la même chose : un joueur qui pense à lui avant de penser à l'équipe a tout faux. Ils doivent d'abord jouer pour leur équipe avant de jouer pour eux et penser à une autre équipe. C'est l'équipe qui permet la reconnaissance. Toutes les précédentes équipes du PSG qui ont gagné jouaient en équipe, elles jouaient ensemble. Toutes les stars sont des joueurs d'équipe, qui apportent un plus à leur collectif. Mais bon, je pense que ce sont deux êtres assez intelligents pour comprendre ça.
Pensez-vous, comme Pauleta, que l'objectif ne peut plus être que la troisième place ?
Mon objectif, c'est toujours le match qui vient, et là je pense à Nantes. La deuxième place est à 12 points. Elle est occupée par Bordeaux, qui connaît une période exceptionnellement faste. J'espère qu'on aura la même.
Craignez-vous que les joueurs lâchent, puisque leur implication personnelle est en cause ?
Pourquoi lâcheraient-ils ? Vous savez, je leur parle surtout de ballon, de foot, il s'agit de cela, pas de guerre ou de commando. A l'exception peut-être de leur famille, le football est ce qu'ils devraient aimer le plus au monde. »
Recueilli au Camp des Loges par Amandine MORHAIM