MONSTER MAGNET à Paris, la Maroquinerie, le 26/11/2011
Ce sont les Black Spiders qui chauffent (plutôt bien) la petite salle où 300 à 400 personnes se sont entassées pour voir le Monster. Black Spiders jouent bien et fort, mais sans trop de finesse, pas de compos percutantes, juste un métal limite punk (à l'image de la crête du batteur, qui cogne binaire) ou du look du second guitariste, non sans rappeler le cultissime Ian Scott. Bref, correct, ça chauffe quoi, entre Monster Magnet justement, et The Almighty, avec des petits accents un peu glam rock parfois quand la voix est haut perchée et... pas toujours très juste.
21h15, Dave Wyndorf et sa bande entrent en scène pour jouer l'album Dopes to Infinity, sorti 16 ans plus tôt !
Cet album mythique avait marqué la carrière du Monster, notamment grâce à Negasonic Teenage Warhead, single démentiel qui hantait les radios US à l'époque. Le stoner rock est toujours là, et les Magnets l'agrémentent toujours de space rock, ou métal psyché... comme on veut ! Ed Mundell, guitariste quasi albinos et seul rescapé, avec Dave, de cette période, n'est pas là, alors qu'il est crédité et en photo sur le dernier album Mastermind. Dommage. Mais Phil Cavaino assure aussi, et le reste du gang, tous un peu plus jeunes que leur leader, est au diapason.
Dès le planant Vertigo en intro, qui termine normalement l'album, le son est énorme et pas agressif, ce qui est à souligner dans une si petite salle. Dave est aux manettes (un rack d'effets devant son ampli) pour sortir l'arrière-plan sonore, signature de son band bien à lui. Public de 15 à 50 ans, de jolies filles, ambiance sympa, Dave tout sourire, ça promet. Ca démarre vraiment avec I control I Fly, et la fosse devient... une fosse ! Ca enfonce du lourd avec Look to your Orb, puis avec Dopes. A l'époque, ce son de mastodonte avait fait perdre à Badmotorfinger la 1ère place dans nos classements du son qui tue ! Les solos sont tranchés, la batterie un peu en arrière, et la basse gronde comme j’aime. On souffle un peu avec All Friends, avant de lâcher définitivement prise avec Ego the living planet. Des pieds, des genoux, des bras traversent la salle. Un type atterrit sur scène, sur le pied de micro de Dave. Phil Cavaino lui explose la tronche d'un coup de Gibson de bas en haut. Il retient la frappe au dernier moment, mais ça dissuade le suivant ! Les folkeuses Blow 'Em Off et Dead Christmas sont superbes, en finesse, la voix de Dave est au top. L'ami a grossi (il a tout arrêté sauf la musique dit-on) et a parfois un petit air porcin dans son cuir noir. Mais la voix est là, rien à dire, et il en rajoute sous la reverb ! Il joue peu, se contentant de claquer quelques gros accords pour alourdir le tout ! Le meilleur moment du concert arrive avec Thrid alternative, cosmique à souhait, et surtout l’enchaînement Masterburner-King of Mars « We’re going Down NOW » à tomber. Windorf semble conquis par l’ambiance et la reconnaissance, il tient régulièrement les mains du premier rang.
Pause de 5 minutes, et ils reviennent forcément pour le seul qui reste à jouer de l’album, le tubesque Negasonic Teenage Warhead, repris en chœurs. Une reprise de Third Bardo (5 yeard ahead of my time, que je crois les Cramps et Primal Scream reprenaient aussi) avant un titre plus heavy, il s’en excuse presque, du dernier album (Hallucination Bomb, très bon.) Puis arrive la mise à mort avec Powertrip (je me suis surpris à hurler I’m never gonna work another day in my life, moi un acharné du taf !), et l’hymne Spacelord (motherfucker), ode au demi-dieu buffle lubrique et stoned créé par Monster Magnet il y a… 20 ans (tiens, eux aussi !) Dave nous met dans sa carte SD, puis bye bye. Le bassiste et le batteur viennent draguer la meuf et signer des billets, on tchatche un peu avec eux, avant d’aller respirer le bon air frais de novembre à Paris.
Un concert de Métal qui fait du bien, un gang qui ne se la joue pas, alors qu’il figure dans les livres, un son dantesque, une voix intacte. Quasi mieux qu’en 96 quand, en Floride, j’avais eu la chance de les voir jouer… Dopes to Infinity ! Good rock n’ roll never dies !