par XWayne » Ven Juil 20, 2018 8:31 pm
J'ai écrit un gros pavé sur Facebook, je le copie/colle.
Pearl Jam à l'O2 Arena, Londres, Angleterre. Concert #46.
Et voilà le dernier concert de la tournée. Initialement placé dans la phase de rodage, il s'est retrouvé en queue de peloton suite à une voix à l'agonie, et un mois après, entre les setlists qui prenaient du niveau et le surcoût des réservations pour retourner à Londres en dernière minute, difficile de ne pas s'emballer et de ne pas espérer un show d'anthologie. Après un passage à Barcelone plus subi que savouré avec un son à la ramasse, mon niveau d'attente était relativement bas, ce qui était peut-être la meilleure situation pour profiter d'un concert sans attentes.
Après un matin au travail, direction Gare du Nord deux heures avant le départ pour prendre l'Eurostar: pas de queue interminable remplie de matelots en goguette comme un mois avant, mais un bagage abandonné avec périmètre de sécurité et tout le bazar qui va avec. Une demi-heure, la fausse alerte est levée, je passe les contrôles en premier façon VIP surmotivé, pour ensuite attendre plus d'une heure pour le véritable départ. Thurston Moore est également là avec son café, mauvaise pioche j'aurais aimé croisé un Mike McCready ou Jeff Ament passé faire un détour par Paris...
De l'autre côté de la Manche, c'est le retour à St Pancras et les odeurs de Londres, encore vives du mois précédent. Un passage rapide à la chambre à proximité pour Romain mon binôme de l'étape, poser le sac et se changer, c'est parti pour l'O2 Arena. Le guitariste qui reprend du PJ à la sortie du métro est toujours là, en plein Better Man, comme s'il n'avait pas bougé depuis un mois. Cadeau de la ville au groupe, le Trump gonflable géant est devant la salle. Récupération des tickets 10C, coup d'oeil au merchandising affreux, retrouvailles avec des têtes connues, et direction l'entrée prioritaire pour être pas trop mal placé en fosse: 10e rang devant le micro de Jeff, c'est pas mal, il ne reste plus qu'attendre deux heures...
Metamorphosis Two démarre dans la sono de la salle, les lumières s'éteignent, le concert démarre enfin. Grande surprise avec Oceans en ouverture: si la version jouée à Barcelone était lourde de sens, jouée en hommage à un fan disparu, mais approximative, celle-ci est limpide, dans la bonne tonalité avec un Vedder en voix. L'enchainement avec Nothing as it Seems est lui aussi inattendu, avec un son excellent, les guitares sont bien de retour dans le mix, et le delay de McCready fait merveille en emplissant l'O2 Arena. Après le désormais classique démarrage sur deux titres calmes, le groupe envoie du lourd avec Go (trop peu jouée sur cette tournée): la fosse s'anime, cela commence à rusher derrière pour s'insérer dans les rangs, et je vois quelques regards paniqués de personnes qui ne s'attendaient pas à ça. Mais les fans de PJ ont pris de l'âge, cela reste loin de l'agitation vue en 2000 ou 2006. Corduroy rajoute un niveau dans l'emballement du public, avec son pont allongé pas forcément nécessaire mais qui marche pas mal une fois la surprise passée. Le groupe poursuit sa redécouverte de Riot Act sur cette tournée avec Save You et un gros son de basse de Jeff sur son riff. Dernier morceau dans cette mini-série énervée, Do the Evolution: jusqu'ici j'avais passé le début du concert collé façon béquille à un géant nordique qui buvait son litre de bière tout en roucoulant avec sa blonde, et je n'avais pas réussi à me dégager de son coude planté dans mon dos. Le temps d'un morceau, réconciliés, on a passé 4 minutes à chanter comme des sourds les yeux dans les yeux, pour finir sur un high five avant qu'il ne parte plus près de la scène (il finira quasiment au premier rang).
Given to Fly apporte un moment de respiration de cet excellent démarrage, avant In Hiding qui clot un tryptique Yield. I Am Mine n'est pas le morceau le fou de Riot Act, mais Green Disease derrière empêche la descente d'énergie. G - R - E - E - D! Puis vient l'inévitable Even Flow qui semble embarquer toute la salle: Mike se fait plaisir dans son coin pour le solo, mais regarder Stone et Jeff jouer sur la rythmique et la faire groover est un plus grand plaisir visuel et auditif.
Vient alors l'inévitable speech de Vedder sur Trump, sa version gonflable et les différentes punch lines qu'il a retenues des manifestations lors de sa venue à Londres, pour enchainer sur les luttes féministes et Daughter. Alors que sa référence à Another Prick With No Wall laissait supposer le tag classique, c'est It's OK ce soir, avec une version plus convaincante que le Esta Bién de Barcelone. L'hommage contractuel à Matt Cameron lors de chaque concert se matérialise par You Are, suivi de Satan's Bed et un léger plantage sur la reprise après le premier refrain (il y a combien de tours en fait?).
Un roadie apporte une cloche pour Vedder, mauvais signe annonçant le mauvais Can't Deny Me, mais le groupe défend bien ce titre sur scène, et la ligne de basse est excellente. Et l'instant que tout le monde attendait depuis un mois arrive: Let Stone Sing, Vedder laisse le micro à Stone, "it's about fuckin' time you let me sing goddamn it" lance-t-il avant d'attaquer Mankind. J'aurais bien pris un Don't Gimme No Lip pour entendre un morceau inédit, mais le groupe s'éclate clairement ce soir, et finit le morceau dans un joyeux bordel. Si Jeff refuse de risquer le chant sur Sweet Lew malgré l'appel du public, Vedder reprend le contrôle à la guitare en partant sur un riff en Mi que je mets du temps à reconnaître, tout comme le reste du groupe: c'est Whipping (ajouté à la volée sur la setlist), et que c'est bon de retrouver ce morceau que je n'avais entendu en live depuis presque 5 ans. Lukin fait aussi une ré-apparition, sans Not for You ou Light Years derrière: c'est Rearviewmirror qui prend la suite. Le groupe est toujours aussi dedans, mais Vedder commence à faire la tête inquiète des mauvais jours en regardant la fosse: le pont démarre calmement, ralentit, et est arrêté, le temps de faire reculer toute la fosse de 3 pas. One... Two... Three... et le morceau repart comme si rien ne s'était passé pour une excellente version.
Premier rappel, le moment critique où le concert peut basculer dans l'ennui avec un Sleeping by Myself ou un Just Breathe, ou même Black qui est surjouée sur cette tournée... Seule la chaise de Vedder est installée avec sa Stratocaster blanche, pour mon premier inédit de cette soirée, I Won't Back Down de Tom Petty, jouée en hommage à ceux qui sont partis. Impossible de ne pas penser à Chris Cornell... Le groupe revient sur scène pour jouer Fatal, titre rare mais le soundcheck la semaine précédente à Barcelone avait annoncé son apparition sur la dernière date. Par contre, le titre suivant est une vraie surprise: Jeff à la contrebasse (très utilisée ce soir), Vedder sur son acoustique, Stone et Mike sur Stratocaster pour Around the Bend, magnifique dernier morceau de No Code.
Fin de la section acoustique du rappel, Jeff sort la Hamer 12 cordes pour Jeremy qui semble retourner l'O2 Arena (l'effet Ten...). Mind your Manners est le seul rescapé des deux derniers albums, présence méritée vu la patate du morceau et le plaisir que prend le groupe à le jouer. Puis retour en 1991-1992 avec un inattendu Breath très bien accueilli, au point que Vedder repère un excité dans la fosse et essayer de lui dire de baisser d'un cran. Instant anniversaire du concert pour un des roadies, mais également pour Stone en avance de 3 jours. Un petit cadeau avec 2 bougies arrive sur scène, et finit forcément dans le visage de Stone. Les deux bougies dans les deux yeux. Bien joué Eddie... Après un certain moment d'incertitude la tête plongée dans une serviette, Stone revient dans la partie pour Crazy Mary, et Boom, totalement transparent sur les concerts précédents, retrouve son moment de gloire sur le solo partagé avec Mike, se tirant la bourre comme dans mes souvenirs. Vedder récupère sa Telecaster avec le pick guard miroir, pour un Porch attendu en fin de rappel et le jeu de réflexion avec le spot lumineux au dessus de lui.
Second rappel, c'est le moment du rush final où les surprises sont rares pour un final tournant trop régulièrement sur du Alive / Rockin' / Yellow Ledbetter. La setlist était trop idéale jusqu'ici, le groupe joue donc Small Town pour les spectateurs derrière la scène. "One Two Three Four Two Three", le HELLOOOOOO arrive toujours à faire passer la pilule. Boom sort son plus beau son d'orgue pour Wasted Reprise pour un nouveau long speech, remerciant le public pour toutes ces années (dans le ton, on est à la limite du message d'adieu et d'annonce de fin des concerts), puis le riff d'Alive résonne annonçant la fin imminente: les lumières sont allumées, Mike joue le solo sous les Yeah du public, classique, avec en bonus Vedder qui fait des hugs au premier rang entre deux lignes de chant, remerciant ceux qui ont attendu un nombre improbable d'heures devant les salles pour être au premier rang. Baba O'Riley permet de pousser les potards pour un dernier tour de piste (et de balancer les tambourins à droite à gauche) avant l'inévitable Yellow Ledbetter. La fosse commence à se vider dès les premières notes (on sent les habitués blasés qui ne veulent pas rater le métro après près de 3 heures de show), les gradins les suivent durant les longues salutations du groupe à la fin du morceau.
Mais alors que le concert semblait plié avec Vedder trainant un peu sur scène pour des photos, le groupe revient et reprend les instruments pour un troisième rappel inespéré avec All Along the Watchtower. Le titre était prévu sur la setlist et à priori mis de côté pour contrainte de temps, mais à ce point de la soirée, autant aller jusqu'au bout (seul Better Man a été retiré, cela aurait eu plus de gueule que Small Town).
Le concert est terminé, la tournée avec lui: on se retrouve entre connaissances devant le bar à l'entrée de l'O2 Arena où résonnent les chants des spectateurs qui ne veulent pas finir la soirée. Juste le temps de prendre la photo traditionnelle post show et boire une bière en toute vitesse, direction le métro pour ne pas rater la correspondance, et remplir l'estomac avec un mauvais McDo. La nuit sera courte, difficile de dormir après un tel rush d'énergie pendant 3 heures sur une setlist quasiment idéale, et le retour à la réalité se fait sentir avec l'Eurostar à ne pas louper pour retourner bosser le lendemain après-midi.
Set: Oceans, Nothing as It Seems, Go, Corduroy, Save You, Do the Evolution, Given to Fly, In Hiding, I Am Mine, Green Disease, Even Flow, Daughter (It's OK), You Are, Satan's Bed, Can't Deny Me, Mankind, Whipping, Lukin, Rearviewmirror
Encore 1: I Won't Back Down (Tom Petty cover), Fatal, Around the Bend, Jeremy, Mind Your Manners, Breath, Crazy Mary (Victoria Williams cover), Porch
Encore 2: Small Town, Wasted Reprise, Alive, Baba O'Riley (The Who cover), Yellow Ledbetter
Encore 3: All Along the Watchtower (Bob Dylan cover)
Ce cru 2018 fut une belle tournée, vécue du premier concert au dernier, avec ses vadrouilles à travers l'Europe, ses retrouvailles, ses incertitudes avec la voix de Vedder qui a failli tout stopper, ses morceaux enfin entendus en live, cette courte rencontre et poignée de main sous la Sagrada Familia, et un dernier concert en apothéose pour une review bien trop longue.
Et un grand Hello à ceux avec qui j'ai partagé ces concerts, ou que j'ai croisé trop rapidement (et j'en oublierai): Solenne, Ben, France, Mi, Denis, Vanessa, Jean-Philippe, Sébastien, Romain, Mat, Hamid, Mélissa, Amine, Yvan, Matt, Hervé, Rémi, Julien, Picola, Daniel, Pierre-Jean, Guillaume, Ben, Fred, etc. etc.
See you next tour!