par Blackcorduroy » Lun Fév 27, 2006 6:53 pm
Gérar Houiller, déselectionneur national
lun 27 fév, 16h43
Comment Raymond Domenech pourrait-il répondre aux manoeuvres de l'entraîneur et du président de l'OL, dans le contexte de la nouvelle "affaire Abidal"? Notre suggestion : exclure carrément les internationaux lyonnais, afin de mieux cerner le problème...
Clairefontaine, 27 février 2005.
« Prenant en compte les récentes déclarations et menaces des dirigeants de l'Olympique lyonnais, j'ai décidé de renoncer à utiliser Éric Abidal, Grégory Coupet, Florent Malouda et François Clerc et de les laisser à disposition de leur club, qu'ils pourront rejoindre dès aujourd'hui lundi. Loin de me soumettre aux pressions de leur employeur, j'ai estimé que dans le contexte actuel, ces joueurs ne seraient pas en mesure de donner le meilleur d'eux-mêmes au sein de l'équipe de France. Je ne crains pas seulement une mauvaise prestation de leur part à cause des perturbations qu'ils doivent subir, mais bien pire, dans la mesure où un joueur qui pense à la blessure multiplie les risques de se blesser.
Concernant les potentiels internationaux lyonnais, je réserve ma décision de les écarter aussi de la liste des 23 pour la Coupe du monde 2006. Je ne renoncerais pas sans regret à leurs qualités, mais, me trouvant dans l'obligation de préparer un groupe pour cette compétition, ceux qui manquent les rares rendez-vous de préparation sont de fait placés dans une position délicate.
Je ne tiens pas non plus à prendre en otage ces joueurs, aujourd'hui écartelés entre la sélection et leur club. Je laisse en effet ce soin à MM. Aulas et Houllier, tout comme je les laisse expliquer à leurs employés les raisons pour lesquelles ils veulent conserver l'exclusivité sur leurs prestations ».
* * *
Tel pourrait être le communiqué du sélectionneur national, en ce lundi de rassemblement à Clairefontaine des internationaux français... C'est en tout cas la stratégie que nous lui conseillerions, afin de répliquer proportionnellement à l'escalade souhaitée par les dirigeants lyonnais et afin, surtout, de mieux les placer devant leurs contradictions.
Aulas la menace
Rien de nouveau, pourtant, dans la mauvaise foi de l'entraîneur et du président lyonnais. Les principes de la démarche restent les mêmes, bien qu'ils ne soit jamais formulés : les joueurs sont la propriété des clubs, les matches de l'équipe de France sont facultatifs...
Comme d'habitude, c'est le match de l'équipe de France qui risque de blesser les joueurs, pas tous ceux qui les ont précédés et leur succéderont en club (1). Comme précédemment, on occulte totalement que la blessure d'Abidal en début de saison s'est produite lors de l'injustifiable tournée de l'OL en Corée du Sud. Comme de bien entendu, c'est Raymond Domenech qui serait irresponsable d'utiliser un joueur "convalescent" (Aulas), pas l'OL qui lui a fait disputer trois matches en dix jours depuis sa reprise, et compte lui en faire jouer deux autres après la Slovaquie (2) Comme toujours, on subit le discours paranoïaque et infantile sur les handicaps infligés à l'OL (3). Comme la dernière fois, on entend de lamentables pronostics de forfaits diplomatiques... Mais, pour la première fois, on a aussi écouté une menace de rétention délibérée des joueurs.
Celle-ci ne sera toutefois pas mise à exécution, le caractère inévitable de la suspension qui en résulterait étant suffisamment dissuasif. Mais ne reculant devant aucune tartuferie, le président lyonnais a annoncé samedi qu'Éric Abidal, tel un écolier portant le mot de ses parents pour sécher la classe du samedi matin, fournira à Clairefontaine "un certificat médical signé du chirurgien qui l'a opéré en novembre indiquant qu'il n'est pas en état d'enchaîner les matches". Une information délivrée juste après la rencontre Lyon-Rennes, disputée en intégralité par Abidal! JMA ne renonce pas pour autant aux menaces: "J'espère bien qu'il ne va pas jouer, ce serait gravissime et la Fédération s'exposerait d'autre part à une réaction extrêmement vive si elle prenait le risque de le faire jouer" (TF1).
Un duo d'enfer
Visiblement débordé par sa propre nervosité, le président de l'OL a tenté de justifier sa démarche en multipliant les incongruités, du genre "C'est une très bonne initiative de Raymond Domenech de lui faire partager la joie de ses coéquipiers dans la préparation à la Coupe du monde", en assénant des énormités comme "En général, les clubs étrangers n'envoient même pas leurs joueurs quand ils ne veulent pas les envoyer", ou encore en formulant des aphorismes incompréhensibles (4).
On en viendrait presque à penser que JMA - dont on connaît le besoin maladif d'avoir raison tout autant que son envie de démontrer son zèle au G14 dans sa guerre contre les équipes nationales -, espère qu'Éric Abidal se blesse avec les Tricolores pour lui permettre de doubler sa plainte contre la FIFA. Et l'on constate que le recrutement de Gérard Houllier lui a décidément offert un entraîneur qui le complète parfaitement. Bien qu'ancien sélectionneur et directeur technique national, il sait mettre son mouchoir sur ses scrupules quand il s'agit de défendre les intérêts exclusifs de l'entreprise.
Le programme d'Éric Abidal depuis sa reprise
17 février : Nantes-Lyon, 90 mn.
21 février : PSV-Lyon, 90 mn.
25 février : Lyon-Rennes, 90 mn.
1er mars : France-Slovaquie, 45 mn prévues.
4 mars : Ajaccio-Lyon, ?
8 mars : Lyon-PSV, ?
11 mars : Lyon-Metz, ?
(1) Gérard Houllier : "Eric se retrouve dans la même configuration qu'au mois de novembre lorsqu'il s'est blessé avec l'équipe de France. Il avait seulement trois matches dans les jambes, comme actuellement, et ça a été le match de trop" (AP).
(2) Gérard Houllier : "Éric sort de trois mois d'arrêt et aura joué trois matches en huit jours avec Lyon. Avant Ajaccio et le huitième retour contre le PSV trois jours plus tard, il aurait été plus judicieux de le laisser souffler une semaine". Jean-Michel Aulas : "J'ai une attestation du médecin disant (...) qu'il est dangereux d'enchaîner les matches après une blessure" (L'Équipe).
(3) Gérard Houllier : "Je constate qu'il n'y a pas beaucoup de Bordelais dans cette sélection. Je serais à leur place, j'aurais encore plus de raisons de croire au titre" (AP).
(4) "Nous respectons la règle mais cela n'empêche pas tout le monde d'avoir l'intelligence et aussi la réflexion qui permettent de préparer les joueurs de la Coupe du monde" ou "C'est ce qui nous a complètement frappé dans les relations entre l'entraîneur de l'équipe de Lyon, qui explique les choses de manière anticipée au sélectionneur national, et on a en retour des réflexions de principe qui ne sont pas de bon aloi" (AFP).